Somewhere : un récit de vie version Sofia Coppola

Auréolé d’un Lion d’or à Venise (décerné par son ex, mister Tarantino), ce 4ème film de Sofia Coppola était particulièrement attendu, malgré des critiques très peu élogieuses. SO BLINK vous livre sa vision de Somewhere.

 

Somewhere…

Somewhere, dernière création de la fille de Francis Ford Coppola, nous plonge dans l’histoire de Johnny Marco. Acteur à la réputation sulfureuse vivant à l’hôtel à Los Angeles, il va recevoir une visite inattendue : sa fille de 11 ans, Cléo.

Le film est très proche de Lost in Translation, de Sofia Coppola également. Il en subit donc la comparaison. Là où le périple tokyoïte était une fable euphorisante sur un amour platonique, Somewhere ne nous livre pas ce traitement cinématographique mais offre une lecture plus réaliste, presque brute. A bien des égards, ce film est plus proche de Virgin Suicides et de sa poésie glacée.On pourrait dire qu’il ne s’agit pas de cinéma, les moments ne sont pas glorifiés, intensifiés ou conceptualisés.

En effet dans la vraie vie, quand tu joues à Guitar Hero avec ta fille, tu ne vis pas un moment magnifique : tu joues juste à la Wii avec ta fille, un moment de complicité banal. Mais c’est l’accumulation de ces choses insignifiantes qui détermine notre attachement et le bonheur que l’on éprouve en compagnie de quelqu’un. C’est ce que Somewhere s’emploie à reproduire à l’image.

Mais contrairement à ce que vous pourriez imaginer, il ne s’agit en rien d’un film sur la relation père-fille. C’est un film sur l’errance, le vide existentiel, la perdition et sur la prise de conscience de cet état. Somewhere n’apporte pas de solution ou de grand sentiment salvateur, la jeune Elle Fanning ne sauvera pas son père à l’aide de grands moments de bonheur. Ce n’est que son absence qui fait prendre conscience à notre «héros», non pas que sa fille lui manque, mais qu’il est une «merde» (pour le citer).

So Stephen Dorff et Elle Fanning

Le talent des acteurs, Stephen Dorff et Elle Fanning, y est aussi pour beaucoup. Il crédibilise le tout, le rend tellement nature que l’on n’a plus vraiment l’impression d’assister à une séance de cinéma.

Stephen Dorff y est saisissant, nébuleux, calme. Le parallèle avec sa vie rajoute une dimension supplémentaire au film . Il a en effet fêté son 30ème anniversaire au Château Marmont avec Sofia Coppola (5 ans avant qu’elle lui propose le rôle).

L’acteur est manifestement très conscient de la chance que lui offre ce rôle purgatoire : « Marco et moi, nous n’avons rien en commun : il a une Ferrari et j’ai une Porsche, confie l’acteur avec malice. Non, la vraie différence entre nous, c’est que lui n’a pas eu la chance de tourner avec Sofia Coppola. Pas encore. »

Ce film est tout ce que ne nous a jamais offert le cinéma hollywoodien. On est comme Johnny Marco : paumé. On ne sait pas trop où l’histoire nous mène, mais les personnages nous guident. Alors laissons nous guider !

So qu’est-ce que je fais ?

Foncez voir ce film si :
-vous aimez Sophia Coppola
-vous voulez voir deux playmates jumelles
-vous aimez les films où tout n’est pas expliqué
-vous voulez voir une photographie sublime
-vous aimez vous asseoir et vous laissez porter par une belle balade durant 1h40
-vous aimez les Ferrari noires
-vous aimez Phoenix (ou toute musique émanant de Versailles)
-vous avez aimé «Notre jour viendra» ou «Rubber».

Evitez ce film si :
– vous vous dites parfois «Oh mais il n’y avait pas d’histoire…»
– vous n’aimez pas les films calmes et langoureux
– vous détestez quand tout n’est pas expliqué
– vous aimez les versions françaises
– vous voulez un film avec des explosions
– vous n’aimez pas les plans séquences

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